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L’Escape game : Une nouvelle façon de recruter ?

Publié le : lundi 09 septembre 2019

Véritable phénomène de mode, le jeu d’évasion peut-il permettre à des recruteurs de repérer parmi les participants les qualités qu’ils recherchent chez un candidat ? C’est ce que croit la société Happy Hour Escape Game qui a organisé récemment une expérience grandeur nature à la Grande Halle de la Villette à Paris à l’occasion du Salon pour l’emploi des jeunes.

La règle est simple : Quatre équipiers, deux malles scellées à ouvrir à l’aide d’indices, trente minutes pour y parvenir.

“Ce n’est pas une compétition, vous devez progresser ensemble. Chaque indice est utilisable une seule fois, faites attention à utiliser tout ce qui est à votre disposition”, avertit un des animateurs du jeu en préambule de la première session.

Escape game sous l’oeil d’un recruteur

Les initiés auront reconnu les principes fondateurs des escape games, ces jeux d’évasion qui inondent le territoire français depuis 2 ans. Pour Nicolas, Steven, Bénédicte et Loveline,  âgés entre 19 et 24 ans, c’est une première. Les débuts sont hésitants. Steven scrute la première malle sous toutes ses coutures, Loveline essaye de déchiffrer un morceau de journal plastifié où figure, sans doute, le code pour ouvrir le cadenas de la malle.

Après 10 minutes plantés devant la malle, l’équipe réussit à ouvrir le premier cadenas. Les visages se décrispent, l’entrain monte à mesure que la confiance s’installe. A l’intérieur de la malle, une seconde boîte, puis une troisième à l’intérieur de cette dernière. Chaque fois, de nouvelles énigmes et de nouveaux indices.

Le collectif s’emploie à avancer dans le jeu sous le regard de Florian Fromm, employé d’un Relais Mission Locale. L’espace d’une journée, il enfile le costume de coach emploi. Feuille d’évaluation à la main, il observe et annote les faits et gestes de chaque participant, afin de repérer chez eux d’éventuelles qualités comportementales susceptibles de plaire à un recruteur.

Retenir les qualités comportementales qui se dégagent

A l’issue la première session des trente minutes, il débriefe. Nicolas a pris le leadership mais n’écrase pas les autres. Steven a souvent de bonnes intuitions mais n’ose pas toujours faire entendre sa voix. Bénédicte essaye d’organiser la réflexion du groupe et Loveline est plus  analytique et a le sens de la communication. Chacun se voit remettre son évaluation. “On essaye de retenir les points positifs, l’observation, la déduction, la capacité d’analyse ou à réagir face à la difficulté, la faculté à travailler en groupe grâce à une bonne communication”, explique-t-il. Pour le coach emploi d’un jour, ce format permet de “casser le côté concurrentiel du recrutement.” “Ils ne peuvent pas progresser dans le jeu s’il n’y a pas d’entente”, argumente-t-il.

Véronique Raguénès, responsable des relations extérieures de l’organisme Carrefour pour l’emploi (qui organise le salon), a contacté la société Happy Hour Escape Game pour développer le projet sur l’événement. “C’est un outil qui peut bénéficier aux recruteurs, note-t-elle, “il est parfois difficile de reconnaître les fameux soft-skills chers au recruteurs dans le cadre classique de l’entretien où les candidats sont préparés.”

Un nouvel outil pour les ressources humaines ?

“Face à une expérience ludique, les gens redeviennent naturels”, abonde Martine Pick Lakshmanan, la fondatrice qui a développé cette version RH du jeu d’évasion. “Les candidats dévoilent leur personnalité. C’est impossible de tenir un rôle pendant une heure.” 

En 3 ans et demi d’existence, la société a vu sa clientèle se diversifier. Une fois par semaine, elle organise des sessions uniquement à destination des entreprises, qui utilisent de plus en plus ces jeux d’évasion pour développer le team-building ou la compétition intra-entreprise. L’aspect recrutement est plus récent. Il se développe “progressivement” selon la fondatrice, qui travaille avec des écoles de commerce ou encore avec le Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ). Les cabinets de recrutement commencent commencent à s’y intéresser.

La matinée avance et les groupes se succèdent sous la Grande Halle de la Villette. Au sein d’une autre équipe de quatre, Marion, 20 ans, est venue au salon à la recherche d’un emploi dans le secteur du commerce. Elle vante les mérites d’un projet qui “casse les codes de l’entretien où les préjugés physiques et culturels existent. C’est moins stressant.” Isabelle, 25 ans, recherche de son côté un emploi dans la gestion d’entreprise. A l’issue de cette expérience ludique, elle se confie “J’ai du mal à savoir si mon parcours dans le jeu reflète ma personnalité, mes qualités comme mes défauts.”

Peut-on dégager du sens et des qualités adaptables au monde de l’entreprise à partir d’une expérience ludique ? Une psychologue du travail présente sur l’animation restait mesurée, remarquant que certaines qualités (observation, analyse, sens du leadership ou du collectif) était plus évidentes à déceler que d’autres dans ce format ludique.

Du reste, si l’escape game peut être un bon préambule pour détecter des traits de personnalité, Martine Pick Lakshmanan réfute “l’idée de substituer son projet au recrutement classique. Cela reste un outil, pas une méthode globale.”

Ecrit par LUCAS MEDIAVILLA dans Les Echos Start

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